J’ai laissé ma tristesse choir, Dans le fond d’un mouchoir. Les palabres de mon chaos Sous l’écume, brutes en écho Dans le bleu, l’âme en vague, Dans la craie, je zigzague. Ma douce et cohérente folie, D’étincelles et spirales jolies, Respirer, donner, vibrer, vivre. Dans cette tragédie, pauvre ivre, Je baisse les yeux une seconde, J'oublie les douleurs de ce monde. A cette humanité assignée, Douloureusement résignée, Je les réouvre et je saigne. Planète de Paul, viens...
Debout dans la cuisine, reins appuyés contre le plan de travail, elle scrute le mur. Entre dans le dur. L’œil cille, elle défaille. Elle l’a dessiné voilà plus d’un an, dans un élan, expédiant un regain de flammes qui sans cesse l’assaillent. Elle se décale. Pense que son esprit se détraque, sourit. Mais les cils à nouveau battent et dans sa poitrine son cœur se débat. Rêve-t-elle ? Cette paupière esquissée en espoir d’une trêve sur une bande en lambeaux de guerre,...
Le soleil inonde les terrasses. Ses reflets sur les vitres des immeubles miroitent sur les façades et y tatouent de vastes graffitis de lumière. Sa journée achevée, elle abandonne le bureau, l’esprit léger. Les photons l’inondent. Les libres électrons la prennent, tournoient, s’infiltrent dans ses cheveux. Le bleu du ciel emplit d’azur ses yeux. Elle ouvre sa besace, en retire le casque audio, l’ajuste sur ses oreilles, son index glisse sur l’écran gris à la quête du...
Elle s’allonge. La folie prend place dans ses draps, elle l’enlace de ses bras. Entre éveil et songe les mots la hantent. Ils l’impatientent. Elle les repousse mais leur sons l’éclaboussent. Leurs lettres harmonieuses sont terriblement pernicieuses. Elle condamne son sommeil rugueux. Au fougueux amant vermeil, elle se damne. De bleu, je deviens vert. Je prends les draps à revers. Pourvu qu’elle bouge, alors je la touche, espérant faire mouche. Je prie l’ouverture, je cale...
Il croustille encore, alors elle le craque. Les minuscules éclats de cassonade se parsèment sur la langue en surprenantes saveurs sucrées. Elles y crépitent puis fondent et rendent l’âme. Lentement au creux du palais, le biscuit légèrement gorgé de lait s’imbibe de salive. Alchimie du corps et de la pâtisserie. Une capiteuse douceur le tapisse. Elle retient le sucrelli devenu pâte, le laisse envelopper tendrement les recoins de sa bouche. Puis ferme les yeux et enfin l’avale....
Scandaleuse, incandescente beauté, la gitane me happe. Ma tête tourne, elle s’empare de mes sens. Mon regard ardemment lape le rouge de sa sensualité. Mes doigts fébrilement vers la fresque s’avancent. De brûlantes frasques m’emportent. Je déboutonne précautionneusement le corsage esquissé par l’artiste. La pulpe de mon pouce s’aventure entre le feston et la peau. J’en effleure le frisson. Il se loge au creux de mes reins. La lumière de la toile colore mes ardeurs. Ma main...
Je décrypte dans la pierre les stigmates, du passé les écritures, les anciennes enseignes, les fêlures, la trace, d’anciens sourires, de l’histoire en fissures. Une mise en lumière, une vie d’hier se révèle. Alors assise dans un bus, je m’émerveille, j’écarquille les yeux. Je bois la ville, ses pleins et ses déliés, son béton et ses horizons. Je tressaute, je sursaute, je navigue. Je suis ici, je suis là-bas, quelque part, sur le fil du temps… Bus - Ligne G - Samedi 22...
Je vais partir, m’envoler, planer, je pense que c’est ce que je préfère. Alors laisse-moi te livrer ici brièvement le secret de ce qu’est pour moi la création : une délicieuse alchimie, des sons qui montent, qui flirtent avec l’atmosphère, qui percolent, qui font en sorte que la magie opère. Le flot de mots, cet afflux de lettres est provoqué par la musique. J’écrivais ce soir pour le roman. L’histoire se passe en 2001. 2001, te souviens-tu ? La valse d’Amélie. Alors...
Dans la rue, j’hésite. Puis je franchis le seuil. Les subtiles et affriolantes senteurs de céréales mêlées de pralines caramélisées et d’amandes, de brioches fraichement sorties du four, de mies moelleuses et de croutes croustillantes dansent au creux de mes narines. Elles me saisissent et m’imbibent. Je vogue entre tartelettes, craquelins et noisettes. Vous vous levez, me toisez. Vous vous frayez un chemin entre les clients et le comptoir. Vos pas frôlent mes docs, votre main se...
Plaquée la noirceur Sous la couleur Le mal et ses rouages planqués sous des tatouages Fractures, fêlures et gerçures Puiser les blessures, jusqu'à l'usure D’une âme noyée de névroses, De poumons étreints de fibrose, Frileusement des fleurs éclosent Puis les jours se teintent de rose, Eclaboussures, la vie s’impose, Un lever, une apothéose, Les lendemains de jours moroses. ECRITURE Le peinture n’est que subterfuge, Mon doux et tendre refuge, Des visions en couleurs, D’un...